La bataille de Valmy: une grande victoire révolutionnaire !

Le 20 septembre 1790, c’est à dire il y a 224 ans, eut lieu la célèbre de bataille de Valmy. Ce fut la phase ultime et décisive, après la jonction des armées de Dumouriez et de Kellermann, d’une manœuvre de très grande ampleur, dont l’origine avait été la capitulation de Verdun, le 2 septembre, cernée par une armée de 80 000 hommes. La route de Paris était ouverte aux troupes des coalisé (Prusse, Autriche, et traitres français émigrés); il s’agissait de la fermer.

Après quelques atermoiements, Dumouriez — qui prévoyait initialement d’attaquer la Belgique — fut sommé de faire mouvement vers Sedan, pour couper la route de Paris. Il déplaça son armée de Valenciennes à Sedan, pendant que Kellerman, qui commandait l’armée de Metz, effectua un long mouvement tournant vers le sud puis l’ouest, en passant par Toul et Bar-le-duc. Puis Dumouriez déplaça son armée sur l’Argonne, autour et au nord de Sainte-Menehould. Son but était d’exploiter les difficultés du terrain en positionnant ses troupes sur les crêtes de l’Argonne et en barrant les défilés.

De son coté, l’armée des coalisés était ravagée par la dysenterie, car elle pensait pouvoir s’appuyer sur les ressources du pays comme le lui avait promis les émigrés royalistes. Mais la consigne avait été donnée d’évacuer à l’ouest le bétail et les récoltes, et la population, hostile au retour de la royauté, suivit scrupuleusement la consigne. Mieux, elle appuya forment l’armée française pour l’aider à construire ses défenses et pour détruire les routes et les ponts. La situation ainsi créée ralentit et entrava sérieusement le mouvement des troupes ennemies.

Cependant le duc de Brunswick réussit à concentrer ses troupes et à poursuivre sa route. Il fit croire à Dumouriez qu’il allait essayer de passer au milieu de son dispositif, et celui-ci tomba dans le piège. Il dégarnit imprudemment un passage au nord de l’Argonne, à la Croix-aux-Bois, car le secteur était resté calme. C’est à dessein que les troupes ennemies ne s’y étant pas montrées. De plus, la position n’avait pas été correctement préparée et fortifiée, malgré les ordres. Bousculant la centaine de défenseurs, une petite troupe de prussiens se saisit du passage de la Croix-au-bois. Elle se fit déloger quelque temps plus tard par une contre attaque vigoureuse, mais les prussiens revirent en force, avec des canons, et reprirent définitivement la position aux troupes française.

A partir de ce moment, l’armée prussienne engagea un vaste mouvement tournant qui visait à encercler les troupes de Dumouriez par le nord et l’ouest. Celui-ci, comprenant le danger, fit effectuer une manœuvre de retraite, de nuit et sous la pluie. Il replaça ses troupes face au nord, son aile droite continuant de bloquer plusieurs passage de l’Argonne (Lachalade, les Islettes) et sa gauche s’allongeant au nord du grand chemin vers Châlons-sur-Marne. C’est sur cette position que Kellermann fit sa jonction avec lui, à Sainte-Menehould, le 19 septembre 1792. Il prit position au nord de la grand route, à l’ouest de Sainte-Menehould, et déploya son armée sur le plateau de Valmy. A partir ce moment, les effectifs des deux armées française égalèrent en nombre ceux les armées ennemies, dont une partie, 20 000 hommes au moins, était bloquée à l’est de l’Argonne.

Le lendemain, ce fut l’attaque. Le Duc de Brunswick coupa la grand route de Paris, et chercha à prendre Valmy par l’ouest. Il cherchait à la fois à détruire l’armée française, et à libérer la route de Paris coupée entre les Islettes et Sainte-Menehould, de manière à s’assurer une voie de ravitaillement correcte pour reprendre sa marche sur Paris. L’attaque commença vers 3 heures du matin, mais jusque vers sept heures, un brouillard épais empêcha les deux armées de connaître leurs dispositions respectives. Lorsqu’il se dissipa un peu, l’artillerie commença à tirer de part et d’autre, et le feu se soutint avec vivacité. Vers dix heures, Kellermann, placé au centre de la ligne, eut son cheval tué sous lui d’un coup de canon. Presque dans le même temps, des obus éclatèrent au milieu du dépôt de munitions et firent sauter deux caissons d’artillerie, blessant beaucoup de monde alentour. Cela occasionna un début de panique qui menaça de désorganiser la ligne de bataille française qui recula. Mais Kellermann intervint lui-même, et fit reprendre la première position.valmy-battle_of_valmy_map

Le duc de Brunswick voyant que le feu de son artillerie n’avait pas réussi à ébranler les troupes françaises, essaya une attaque de vive force. Il forma trois colonnes d’attaque soutenues par la cavalerie, pendant que la canonnade redoublait. Les deux colonnes de gauche se dirigèrent sur le moulin de Valmy, la droite se tenant à distance.

Kellermann comprenant qu’il n’était plus possible de maintenir la discipline tout en restant statique, ordonna aux troupes de se préparer à avancer. Il disposa son armée en colonnes par bataillon. Quand elles furent formées, il les parcourut et leur adressa cette courte harangue : « Camarades, voilà le moment de la victoire ; laissons avancer l’ennemi sans tirer un seul coup de fusil, et chargeons-le à la baïonnette. ».

Les troupes, pleines d’enthousiasme et déjà aguerries par une canonnade de quatre heures, répondirent aux paroles de son général par des cris multipliés de : Vive la nation ! Kellermann lui-même, mit son chapeau au bout de son sabre et répéta : Vive la nation ! en passant devant les troupes sur un nouveau cheval. En un instant, tous les chapeaux étaient sur les baïonnettes et un immense cri s’éleva de tous les rangs de l’armée. La clameur dura près d’un quart d’heure, fut reprise d’un bout à l’autre de l’armée, et renaissant sans cesse, atteignant une force « qui faisait trembler le sol ».

Ces mouvements, cet enthousiasme, annonçaient une armée qui brûlait de combattre. L’ennemi s’étonna. Le duc de Brunswick fit arrêter ses colonnes : « La victoire est à nous ! » cria Kellermann, et l’artillerie française redoubla son feu sur les têtes de colonnes prussiennes.

Le feu continue jusqu’à quatre heures du soir. Encore une fois l’ennemi reforma ses colonnes et lança une nouvelle attaque. Mais l’armée française, son ardeur manifestée par de nouveaux cris, l’arrêta une seconde fois. Vers sept heures du soir, les coalisés regagnèrent leurs positions de départ, laissant aux Français le champ de bataille.

La victoire de Valmy fut surtout le résultat des choix du commandement français qui permirent de rétablir une situation stratégique compromise, ainsi que du soutien populaire massif dont bénéficia l’armée révolutionnaire. La bataille fut marquée surtout par une intense canonnade (les Français tirèrent 20 000 coups de canon) au cours de laquelle la nouvelle artillerie française créée par Gribeauval montra sa supériorité. Elle fut aussi la conséquence de l’insuffisance des moyens logistique de l’armée prussienne, déjà loin de ses bases, malade et insuffisamment nourrie, et trompé par ses alliés royalistes.

En soit, Valmy fut, pour l’essentiel une bataille d’artillerie où l’infanterie et la cavalerie jouèrent un rôle secondaire. Mais pour la première fois l’armée française révolutionnaire tint bon et ne se débanda pas, et la coalition fut stoppée dans son mouvement. Les conséquences de Valmy furent l’évacuation du territoire français par l’armée coalisée le 22 octobre suivant. Et ses conséquences politiques, furent l’affermissement de la Révolution et l’avènement de la République. Oui Valmy fut bien une grande victoire révolutionnaire.

Lire sur Gallica.fr: Les guerres de la Révolution-2; Valmy, par Arthur Chuquet