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Fil rouge N°10: Éditorial

Cynique, calculateur et froid: le capitalisme !

Entre salariés et directions, en ce printemps 2001, le combat peut sembler par trop inégal.

Il faut reconnaître que les gros actionnaires et les directions de Danone, Marks & Spencer, Aom, Moulinex, Philips, Valéo, Aventis et autres, se sont surpassés. En quelques semaines des dizaines de milliers de salariés ont appris leurs licenciements: « trop chers ! Pas assez rentables ! ».

Cette situation choque d’autant plus que les profits réalisés par les entreprises battent des records. En 2000, les cinq premiers groupes français ont totalisé d’avantage de bénéfices que les trente premiers de l’année précédente.

Cynique, froid, calculateur le capitalisme de ce début de siècle est apparu pour ce qu’il est, le digne continuateur de son prédécesseur des siècles passés.

En 1902 la direction de la Manufacture des tabacs de Dieppe, pour refuser la satisfaction de leurs revendications, opposait aux ouvrières les arguments suivants : « Les progrès de la science industrielle sont constants ; les procédés changent ; Les machines perfectionnées se créent tous les jours et les ingénieurs ont pour devoir d’utiliser les moyens de production qui sont toujours plus économiques ». Sont-il si éloignés de ceux employés par le patronat de nos jours ?

Est-elle si éloignée de nous, l’indignation de l’éditorialiste de la « Voix du Peuple » qui déclarait : « Peu importe les longues années de labeur de certaines ouvrières ; peu importe les maladies contractées à manipuler la substance toxique qu’est le tabac (…) Après ces années de dur labeur, après avoir usé sa jeunesse pour produire de plus gros bénéfices à l’État, au moment où l’ouvrière, fatiguée avant l’âge et mère de famille, aurait besoin de gagner un peu plus –ne serait-ce que pour soigner son organisme délabré par une production intensive – elle est dédaignée. »

Quand le capital, et donc le marché, sont livrés à eux-même, la barbarie n’est pas loin: c’est une très ancienne leçon qui est, hélas, toujours vraie. Les motivations et les arguments du capital changent peu. Le cynisme non plus, en témoigne les déclarations de monsieur Barre qui a mis en garde les français contre les réactions qu’il estime motivées par de la « sensiblerie sociale » ?

Au début du 20e siècle le combat paraissait bien plus inégal qu’aujourd’hui. La réponse des salariés a été la syndicalisation massive dans de puissants syndicats, et l’action pour la satisfaction de leurs revendications. N’est-ce pas la piste à continuer d’explorer en ce début de 21e siècle ?

Gilles Pichavant

 

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