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Document

1912

Confédération Générale du Travail

« Guerre à la guerre »

« Dans les Balkans, la guerre est déclarée ! Monténégrins, Serbes, Bulgares et Turcs commencent à s’entr’égorger.

Ainsi l’Europe, sortant de la crise que fit naître la France capitaliste et financière par son abominable agression contre le Maroc, voit surgir dans le présent conflit les redoutables possibilités d’une conflagration guerrière, dressant les unes contre les autres les puissances européennes.

Les désirs d’expansion territoriale de l’Autriche et de la Russie, la recherche de débouchés nouveaux pour certaines Nations, s’ajoutant aux convoitises des groupes financiers et industriels, mettent en péril la paix du monde.

Les excitations cléricales, les haines de race font de cette guerre, non pas seulement une vaste flibusterie capitaliste, mais une croisade fanatique.

Dans la complexité des intérêts engagés, dans le caractère implacable de cette guerre, peu de place est laissé aux espérances de la localiser, espérances avec lesquelles la presse bourgeoise tente d’apaiser les inquiétudes populaires.

En effet, à ce jour, les puissances n’ont pas su ou pas voulu empêcher la guerre.

Pourquoi ? Parce que l’opinion publique est restée indifférente.

Les puissances voudront-elles, aujourd’hui, localiser le conflit, en limiter la durée ?

Oui, si l’opinion publique, enfin éclairée, veut et sait intervenir.

Si tous les partisans sincères de la paix entre les peuples ne se montrent pas vigilants et actifs, en élevant une vigoureuse protestation, ils risquent de voir les évènements se précipiter et de se trouver désemparés devant la brutalité du fait accompli.

Quant aux travailleurs, leur haine de la guerre s’est trop souvent affirmée pour qu’ils restent impassibles.

Pour les uns, comme pour les autres, c’est notre devoir et c’est notre intérêt à tous d’intervenir.

Dans l’opposition nécessaire aux desseins criminels des gouvernements capitalistes et des sectes religieuses, la CGT veut dresser les peuples dans une volonté unanime de paix.

C’est là une tâche dictée à la Confédération Générale du Travail par la résolution de son Congrès de Marseille, qui dit : « Le Congrès rappelle la formule de l’Internationale : « LES TRAVAILLEURS N’ONT PAS DE PATRIE ! »

« Qu’en conséquence, toute guerre n’est qu’un attentat contre la classe ouvrière, qu’elle est un moyen sanglant et terrible de diversion à ses revendications.

« Le Congrès déclare qu’en cas de guerre entre puissances, les travailleurs doivent répondre à la déclaration de guerre par une déclaration de grève générale révolutionnaire. »

A L’OPINION PUBLIQUE !

Une vigoureuse action s’impose !

Une vaste agitation populaire est nécessaire.

La CGT, pour les déterminer, s’adresse à tous les hommes de cœur, à tous les prolétaires, et leur crie :

Soyez prêts à répondre à nos appels, à participer à nos démonstrations, à nos meetings !

Que de partout s’élèvent de formidables protestations !

La CGT appelle à l’action nécessaire les travailleurs organisés de l’Internationale ouvrière.

Et s’il est vrai qu’une concordance de vues anime en ce moment les Gouvernements Français et Allemands dans une même tentative pour sauvegarder la paix européenne, il est d’autant plus indispensable aux peuples allemands et français d’être au premier rang dans l’intervention et la protestation imposées par cette redoutable éventualité : LA GUERRE ! »

Le comité confédéral

Note de l'IHS: Mais l’espérance de Paix fut anéantie avec la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France le 3 août 1914 ; une époque tragique commence, semeuse de morts, de tortures, de souffrances, de ruines et de désolation.. 

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