Ecrire au fil rouge

Numéro 21: Éditorial

Un ouvrier non syndiqué est une poussière d’ouvrier (Anatole France)

Ce numéro du « Fil rouge » est publié au moment où le gouvernement et le patronat ont décidé de mettre en pièce les acquis sociaux et économiques obtenus de haute lutte par la classe ouvrière.

La Réduction du temps de travail, le code du travail, la protection sociale, la valeur de la force de travail, la garantie de l’emploi, les services publics: tous les acquis sociaux sont remis en cause au nom de nécessités qui seraient imposées par la mondialisation, par la construction européenne.

La réalité est que le seul objectif poursuivi par le patronat, c’est de s’assurer le maximum de profit en s’enrichissant en France où ailleurs au détriment de la population et de l’intérêt national.

A chaque époque de l’histoire de notre pays, le capitalisme, profitant de la division  de la classe ouvrière, de la division syndicale et des forces progressistes, a tenté et parfois réussi à reprendre ce que les luttes avaient imposées. C’est d’autant plus facile dans une époque comme la nôtre où l’individualisme progresse et que la proportion de syndiqués est faible dans la population active.

A contrario, quand le mouvement syndical est numériquement puissant et puissamment organisé, lorsque les idées progressistes sont majoritaires dans le pays, le progrès social, les droits syndicaux, le droit d’expression se développent. Ce rapport de force donne des possibilités de retirer aux capitalistes d’importants moyens de pression et d’exploitation, tout en assurant le développement de la population.

C’est ce que nous montrent les articles contenus dans ce numéro. Ainsi, c’est à la Libération, au moment où le nombre de syndiqués s’approche des six millions d’adhérents à la CGT (130 000 en Seine-Inférieure), que les avancées sociales sont les plus importantes, les plus rapides et les plus durables. C’est l’époque du premier congrès de l’Union départementale CGT après la Libération.

Ainsi dans les années 60 et surtout après 1968, de nouveaux acquis sont engrangés alors que les effectifs de syndiqués à la CGT sont de nouveau au-delà des deux millions et demi. C’est le cas dans l’entreprise Manolène à Gonfreville.

C’est encore le cas au début des années 80 dans de nombreux secteurs fortement syndiqués, comme au dépôt de Sotteville de la SNCF où les cheminots vont arracher de haute lutte la mise en place  de l’Heure d’Information syndicale.

Anatole France écrivait au début du vingtième siècle: « Un ouvrier non syndiqué est une poussière d’ouvrier ». Au moment où le taux de syndicalisation descend au dessous des 9% dans notre pays, la CGT étant autour des 6%, cette maxime résonne comme un signal d’alarme.

Il n’existe, en effet, qu’un moyen de garantir les acquis obtenus par les générations précédentes de faire avancer et progresser les conditions de vie et de travail: c’est l’unité d’action de toutes les victimes de l’exploitation capitaliste. Les grèves et les manifestations de ces dernières semaines vont dans ce sens. Mais le mouvement social n’atteindra véritablement ses objectifs que si le syndicalisme se renforce en nombre de syndiqués et en bases organisées.

En conséquence ne pouvons nous qu’applaudir à l’initiative de la direction confédérale de la CGT qui lance une grande campagne de renforcement et appelle tous les salariés à y répondre. Nous vous invitons à y participer. L’enjeu est crucial.

Serge Laloyer

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