Ecrire au fil rouge

Numéro 24: Éditorial

Meilleurs vœux pour 2006.

Plein succès à l’année du 70e anniversaire de 1936.

Par Gilles Pichavant

Après les événements du 6 février 1934, le mouvement de rapprochement entre les courants antifascistes se concrétise dans la création du Front Populaire. Le 14 juillet 1935 10 000 manifestants réunis aux « assises de la Paix et de la Liberté » au vélodrome Buffalo à Paris, prêtent un serment solennel: « (…) animés par la même volonté de donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse et la paix du monde, nous faisons le serment solennel de rester unis pour désarmer et dissoudre les ligues factieuses, pour défendre et développer les libertés démocratiques et pour assurer la paix humaine »

Au plan syndical, le processus de réunification des deux CGT (la CGT et la CGT-U) déjà est engagé dans les fédérations, les unions locales et les unions départementales, mais le congrès de Toulouse n’aura lieu que du 3 au 6 mars.

Si, à l’approche des élections législatives on peut espérer la victoire du Front Populaire, rien n’indique alors que le mois de juin prochain sera l’occasion d’une immense victoire historique de la Classe ouvrière qui, avec sa vague de grève inédite, bouleversera durablement le paysage des entreprises et la vie des salariés (si l’on excepte la parenthèse de la 2ème guerre mondiale).

En ce début 2006, 70 ans après,  nous sortons à peine d’une situation de crise grave, marquée par l’instauration de l’État d’urgence. Cette crise qui n’est ni celle de l’immigration, ni celle de la jeunesse, ni celle des banlieues, est avant tout une crise sociale, révélatrice des fractures qui se sont creusées depuis ces 20 dernières années, suite aux politiques successives menées, et notamment les politiques de l’emploi.

En ce début 2006, ce sont jusqu’aux acquis de 1936 qui sont menacés. La réduction du temps de travail — invention de 36 — qui avait fait un bon en avant en 2000, est grignotée quand elle n’est pas annulée comme chez Hewlett Packard. La période entre deux élections de délégués du personnel — autre invention de 36 — est allongée de deux années. Les heures supplémentaires ne sont plus comptabilisées à la journée mais à la semaine quand ce n’est pas à l’année. Avec l’instauration du Plan local d’Insertion, c’est une main d’œuvre gratuite qui est offerte au patronat, un nouvel esclavage en somme. Quant aux congés payés, s’ils sont plus nombreux qu’à leur création — En 1936 c’est 15 jours de congés payés — ceux qui peuvent réellement en bénéficier sont de moins en moins nombreux . Etc.

Alors que les mauvaises nouvelles s’accumulent — par exemple l’annonce de la montée de l’extrême droite —, en travaillant à donner une dimension exceptionnelle au 70e anniversaire de 1936, nous formulons le vœux que le monde du travail puise dans son histoire les ressources pour de nouvelles avancées sociales.

 

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