Ecrire au fil rouge

 

Louise Michel et le Havre :

L’attentat du 22 Janvier 1888

Par Guy Décamps

Cette histoire est un nouvel épisode de la collaboration entre Louise MICHEL et « Le fil rouge ». Quoi de plus normal que leur route se croise une nouvelle fois (voir n°8 automne 2000, n°12 hiver 2001) :

« Le fil rouge », c’est le regard seinomarin dans le rétroviseur social, Louise Michel, c’est une grande figure sociale du XIXe siècle qui s’est toujours placée, résolument, du côté des opprimés, contre les oppresseurs.

Il nous semble nécessaire, pour une bonne compréhension de cet attentat, de dépeindre le climat social au Havre en cette année 1888, et la personnalité de la victime, Louise Michel, institutrice (libre) issue d’un milieu bourgeois, propageant les idées anarchistes de cette fin de siècle.

L'attentat conte Louise Michel au Havre est un événement national: - ici dans l'Illustration du 28 janvier 1888

Le syndicalisme au Havre à la fin du 19e siècle

Le syndicalisme, syndicats de métier regroupés au sein d’une bourse du travail, s’est implanté très tôt au Havre et a pris, dès l’origine, une place importante dans la vie politique et sociale de la cité. Les chantiers navals sont nombreux, et d’ailleurs, le sieur Lucas, dont il est question dans cet article, est voilier, ou garde-magasin, dans une de ces fabriques.

Dès 1880, les syndicats havrais apparaissent suffisamment puissants pour organiser, conjointement avec les groupes socialistes, le 4e congrès national ouvrier. Ces organisations ouvrières locales joueront un rôle capital puisque d’inspiration proudhonienne.

Au Havre même, les années 1880 sont marquées par une récession économique certaine qui eut de grandes répercussions sur la condition ouvrière (stagnation des salaires déjà forts bas, vie chère, chômage croissant). Le courant anarchiste est vivace et imprègne ce mouvement syndical débutant. Ces militants anarcho-syndicalistes seront des pionniers dans la lutte contre les répressions impitoyables des manifestations et des grèves ouvrières. Ils seront les seuls à commémorer la Commune de Paris, les premiers à réclamer la journée de huit heures. Ils manifesteront leur solidarité internationale à l’égard de leurs frères de Chicago, de Rotterdam, de Londres …

Louise Michel

Louise Michel naît dans une famille bourgeoise imprégnée de la philosophie du siècle des Lumières. Elle profite abondamment de la bibliothèque de son grand-père Charles De Mahis ; sa jeunesse la montre catholique fervente : comment, en pleine campagne lorraine, eut-elle évité l’emprise de cette religion. Très vite elle rime et devient une fervente admiratrice de Victor Hugo à qui elle adresse ses poèmes qu’elle signe Enjolras (personnage des « Misérables »). Elle passe son examen d’institutrice libre (elle ne veut pas prêter serment à l’empereur, l’usurpateur). Sa haine contre l’Empire s’accroît avec la misère qu’elle côtoie en Haute Marne, et aussi avec l’exil forcé de son maître Victor Hugo.

Louise vient à Paris car elle sent grandir la révolution. Elle croise, dans les clubs ou associations, ceux qui feront la IIIe République (Gambetta, Clemenceau, les 3 Jules : Favre, Ferry, Simon), ceux qui feront la Commune de Paris (Eugène Varlin, Édouard Vaillant, Théophile Ferré son ami) et des femmes comme Nathalie Lemel, André Léo, Elisabeth Dmitrieff.

Le 19 juillet 1870 l’empire déclare la guerre à la Prusse. Le 3 septembre Napoléon III dit « Badinguet » capitule à Sedan. Le 4 septembre une foule joyeuse de gardes nationaux, de lignards, d’ouvriers en blouse, de bourgeois en redingote, et de jeunes femmes fête, boulevard des Italiens, la IIIe République.

Les « Rouges » qui auraient pu avoir à leur tête Auguste Blanqui (dont l’ennemi, en ce moment, est l’armée prussienne aux portes de Paris) ou Rochefort (encore emprisonné) vont se laisser berner par les Simon, Favre, Ferry, Trochu, marionnettes que le vieux Thiers, caméléon de la politique, dirige en coulisses. « Foutriquet », cet infâme vieillard, attend son heure qui viendra en février.

Pour les uns, cette République, c’est avant tout un conservatisme fondé, grosso modo, sur la défense de la propriété et de la religion.

Pour les ouvriers, artisans, le républicanisme se nourrit d’idées proudhoniennes, blanquistes et de l’Association Internationale des Travailleurs (A.I.T.). Ils s’en suit de cruelles désillusions bientôt traduites en révoltes durement réprimées (30 octobre 1870, 22 janvier 1871). Louise Michel déclare alors :  « Que la République était belle sous l’empire ».

Pendant que le peuple de Paris résiste, que l’armée de province du général Chanzy mène un combat de la dernière chance, Thiers, ce croquemort de la nation, multiplie les contacts avec Bismarck. Ils aboutissent à la convention d’armistice du 28 janvier et à l’accord de paix du 25 février, un accord déshonorant et ruineux. Entre temps il y a eu les élections du 8 février débouchant sur une assemblée à majorité monarchique qui propulse Thiers, ce « roi des Versailleux », chef du pouvoir exécutif.

La Commune de Paris

Le décor est dressé pour que le Peuple de Paris se révolte : c’est le 18 mars, puis la proclamation de la Commune le 28 mars … Et la Commune de Paris, qui enracinera la République, vivra 72 jours. « Le Père Duchesne », le journal le plus connu sous la Commune, avec « Le Cri du Peuple », avait en dessous de son titre « La République ou la mort ». Il faisait dire aux Communards : « Une fois que nous avons vu la lumière, on a beau nous crever les yeux, nous gardons éternellement le souvenir du soleil ».

Parallèlement à ce gouvernement populaire, les Parisiens doivent faire face à la guerre civile que leur mènent, impitoyablement, les Versaillais. Galliffet, l’un de leurs généraux, ordonne une guerre sans trêve et sans pitié. Louise Michel combat dans le 61e Bataillon d’infanterie, s’enivre de la bataille. Clemenceau, maire du XVIIIe, déclare : « Comment ne fut-elle pas tuée cent fois devant mes yeux ? ». Elle défend bec et ongles sa République. Les bourgeois de Versailles disaient : « C’est la fin du monde ». Non, c’est la fin d’un monde, d’une société où celui qui produit est exclu du centre des décisions.

Il faut bien situer les enjeux : d’un côté le pouvoir ouvrier (la Commune), de l’autre le pouvoir bourgeois (Versailles, Thiers et son assemblée de ruraux). Ce qui est fondamental en ce printemps 1871, c’est de savoir si le développement économique colossal atteint par la société bourgeoise, si ce pouvoir qu’elle détient sans partage va rester dans ses mains ou, au contraire, en cas de victoire et d’expansion de la Commune de Paris, si une autre classe ne va pas s’en emparer pour tenter d’entreprendre une refonte totale du système économique et social. L’enjeu de la partie est immense.

Dans la semaine du 21 au 28 mai 1871, la Commune est écrasée. Louise apprend que sa mère a été arrêtée à sa place. Elle se livre aux officiers versaillais. Elle est dirigée sur la prison de Versailles puis sur celle d’Arras où elle est informée que les Versaillais ont fusillé son ami Théophile Ferré.

A partir de ce jour, sa vie n’a plus de raison d’être. Elle est condamnée à la déportation à vie en enceinte fortifiée en Nouvelle Calédonie (18000 Kms).

C’est au travers de ces épreuves, de cette grande déception, de cette déportation qu’elle devient anarchiste.

Avec la loi d’amnistie totale votée en juillet 1880, Louise Michel revient en France par le port de Dieppe. Le 1er discours, qu’elle prononce à l’Élysée – Montmartre, lui fait dire : « Nous étions généreux, nous ne le serons plus. Ils nous ont arraché le cœur. Tant mieux ! nous serons implacables ».

Pierre Durand, l’un de ces meilleurs biographes écrit : « On peut distinguer trois étapes dans la pensée de Louise 1) L’idéalisme chrétien 2) Humanisme républicain 3) Glissant, après l’échec sanglant de la Commune, vers l’anarchie.

L'attentat contre Louise Michel.

Maintenant nous allons suivre notre héroïne au Havre pendant cet hiver 1888.

L’ouvrage collectif « La C.G.T. en Seine Maritime » coordonné par Albert Perrot (VO Éditions, 1993), relate ainsi l’événement : « la venue au Havre de Louise Michel , grande figure de la Commune de Paris, celle qu’on a surnommé la « Vierge Rouge », constitue un moment fort de l’agitation anarchiste de cette époque. Arrivée le 22 janvier, elle tiendra deux meetings. L’un au théâtre de la Gaieté l’après-midi, l’autre le soir à la salle de l’Élysée près du Rond-Point... »

Pour en savoir plus rendons visite aux archives municipales du Havre,

 

Rapport de police - ADSM

ou bien ouvrons le livre de Louise MICHEL « Histoire de ma vie Chapitre IX », ou bien encore celui d’Edith THOMAS « La vellédra de l’anarchie Chapitre XV – La vengeance d’un chouan ».

Le programme de ces réunions est, comme il pourrait l’être encore aujourd’hui :

Le Capital  – Le Travail – La Misère

Le deuxième protagoniste de notre histoire est breton ; il se nomme Pierre Lucas. Il vit, non pas la vie de son époque mais celle de ses ancêtres, écoutant rugir la mer sans se demander s’il est d’autres horizons ni pourquoi le travail est si dur aux déshérités. C’est un fanatique de la résignation.

Le dimanche 22 janvier à deux heures de l’après-midi, Louise apparaît au théâtre de la Gaieté. La salle est comble. Louise ouvre la séance et attaque le gouvernement : « Mais peut-on donner ce nom à un ramassis de dupeurs, de voleurs ? ». Il y a, dans la salle, des protestations, des coups de sifflets. « Eh quoi, continue Louise, refuserez-vous ces épithètes aux gens qui ont fait l’expédition du Tonkin, et toutes ces opérations véreuses qui s’y rattachent : trafic de décorations de Wilson, le gendre de Mr Grévy … Il faut que la société se renouvelle, et nous voudrions que ce ne fut pas dans le sang. C’est par la paix et le travail que nous voudrions l’atteindre. Mais si les bourgeois ne veulent pas être avec nous, la Révolution qui est inéluctable, se fera contre eux. Elle se fera avec nous, avec vous ou contre vous. Choisissez ».

Lucas n’avait, de sa vie, jamais mis les pieds dans un réunion publique, lorsqu’il s’avise, le 22 janvier, pris de curiosité, d’aller voir ceux qu’on lui présentait comme des ennemis du genre humain, à la salle de la Gaieté. Lucas est d’abord étonné d’entendre ces choses si simples auxquelles il n’avait jamais pensé. Puis des gens, probablement peu enclins de sympathie avec ces théories, expliquent autour de lui que c’est la femme qui est la cause de tout le mal et qu’il faut la foutre à l’eau ! que la conférencière s’enrichit à ces réunion … Ces choses, confusément, troublent son esprit. D’autres hommes finissent de l’halluciner de leurs propres illusions. Si bien qu’à la sortie de la salle de la Gaieté, il va acheter un revolver qu’il paie 12 ou 15 francs. Il rencontre des amis avec qui il trinque, s’enivrant bien plus de paroles que de vin.

Lucas se rend à la salle de l’Élysée, à huit heures, pour la deuxième réunion. Il est dans un demi somnambulisme naturel.

Cette salle de l’Élysée contient deux mille personnes : sympathisants, contradicteurs, badauds, curieux se sont massés là pour entendre Louise Michel. Cette salle est située au fond d’une cour plantée d’arbres, rue de Normandie. Il y a même un restaurant champêtre.

Louise s’avance sur scène et parle sans éclat de voix d’une manière impersonnelle :

« Le capital doit disparaître car les usines ne sont rien s’il n’y a pas d’ouvriers. Il faut que nous sortions de l’auge où chacun se pousse du coude. Nous y arriverons par l’instruction que les humbles et les pauvres ne peuvent avoir aujourd’hui ». Elle dénonce les guerres, surtout coloniales, où on y entraîne les soldats au vol et à l’assassinat.

Ces paroles frappent Lucas comme une sorte de blasphème et dans la chaleur de cette salle, son cerveau continue à se troubler. Les contradicteurs se montrent. Elle a raison, elle a tort … D’autres lui demandent où vont les bénéfices de ses conférences ? « Vous le savez, ils vont aux pauvres, aux caisses de grèves, au mouvement anarchiste ».

Tout à coup, un homme surgit à la tribune, grand, vêtu de noir d’une pâleur tragique (E. Thomas).

L’un des contradicteurs, alors que Louise parle encore, monte à la tribune. Il a l’air embarrassé de lui, ce colosse qui, grave, se pose devant la conférencière. Vêtu sobrement, tout de noir, il porte une trentaine d’années. Il a l’œil noir et son visage est d’une extrême pâleur (« Le petit Le Havre » – Archives municipales).

Un homme demande la parole qui lui est accordée. Il monte à la tribune. C’est un homme grand, au visage régulier et doux, comme emprunt de douleur et de rêve, tellement que je dis aux amis près de moi : « Cet homme a le masque tragique » (« Histoire de ma vie » - Louise Michel).

Là, Lucas essaya de parler, le fit d’une façon incohérente : « Je ne vous parlerai pas dans un français rectal (de recteur veut-il dire sans doute). Je suis ni un voleur ni un assassin. Je suis breton ». Louise se tourna vers le banc de la presse et dit : « Je n’y comprends rien ». Nous non plus répondent les journalistes. On fait asseoir Lucas, ce qu’il fait simplement, et la réunion continue.

« Tout à coup l’on entend une détonation. Je sens une brûlure à l’oreille. Lucas est debout derrière moi, tenant son revolver comme l’aurait tenu un enfant de deux ans. Tout le monde est debout. Alors je dis à la foule : « Ce n’est rien. C’est un imbécile qui a tiré à blanc ». Pendant ce temps, Lucas tire sur l’autre oreille où je ne sens encore qu’une brûlure » (« Histoire de ma vie » - Louise Michel).

Qu’en est-il exactement ? : Lucas a tiré deux balles, l’une s’est logée dans le temporal gauche, l’autre dans la doublure de son chapeau.

Louise Michel reçoit les premiers soins du docteur Malherbe, puis du docteur Lignerolles qui essayent, en vain, d’extraire la balle. Elle ne manifeste aucune colère contre son agresseur. Louise rentre à Paris (Levallois) malgré l’avis des médecins.

Son médecin de Levallois, n’ayant pu extraire la balle non plus, l’envoya au docteur Labbé à l’hôpital Baujon. Ce dernier a, pour principes, de n’extraire les balles que si elles se présentent d’elles-mêmes. Il décida de ne pas tenter l’intervention. Il est fort probable que Louise garda toujours cette balle dans sa tête. Elle récupéra l’autre balle et en fit cadeau à Rochefort accompagnée de ce mot : « Souvenir de la balle à l’oreille coupée trouvée dans mon chapeau ».

« Lucas, quant à lui, est lynché par les amis anarchistes de Louise. Son visage garde encore la trace de cette juste correction que lui ont infligé les témoins de son forfait ». (L’Intransigeant).

Le rapport de police en date du 23 janvier transmis à M. Heu, commissaire principal, relate l’incident : « Le nommé Lucas, qui se trouvait derrière Louise Michel se lève et lui décharge, à bout portant, deux coups de revolver dont un l’atteint derrière l’oreille gauche. Le sus-dit Lucas a été immédiatement arrêté et conduit au poste à la disposition de la justice. La balle n’a pas pu être extraite. Malgré cela Louise MICHEL est repartie ce matin pour Paris au train de 6H40 ».

Bien que Louise Michel ne porte pas plainte, une enquête est ouverte.

L’agresseur se nomme Pierre Lucas. Il est né à Guerlesquin (Finistère) le 17 février 1855, époux de Marie Yvonne née Le Bars, âgée de 29 ans, couturière. Le couple a un fils. Ils habitent 12 rue de la Communauté (aujourd’hui rue Masurier). Que dit-il ? « Si je l’ai frappée, c’est que cette idée m’est venue dans la tête. J’étais exaspéré ». « J’avais bu beaucoup et je n’ai pas compris ce qu’on disait. Je n’ai pas l’instruction nécessaire ».

Pierre Lucas, dans l'Illustration

Louise Michel déclare tout de suite au procureur que l’agresseur relève plutôt de la médecine que de la justice. L’irresponsabilité de Lucas, c’est ce qu’elle persiste à déclarer au juge chargé, par la commission rogatoire, de venir l’interroger à Levallois.

A la suite de cet attentat, quelles sont les réactions ?

Le Petit Havre : « Lucas, c’est un honnête travailleur. Son défaut : boire un peu plus qu’il ne convient. Quel mobile l’a poussé . ? toute la ville se pose la question. A vrai dire, personne ne peut répondre. »

Le Cri du Peuple : « Lucas est un prolétaire, un ignorant, un fanatique. L’acte qu’il a accompli ne peut inspirer que pitié. »

La République française : « Ce n’est pas au docteur Blanche (aliéniste) qu’il faut envoyer Lucas, c’est à la cour d’assises que nous persistons à vouloir envoyer les assassins, alcooliques ou non. »

L’Intransigeant : « Comment soutenir qu’il n’y a pas eu préméditation alors que Lucas est allé chercher un revolver quelques heures avant ? La préméditation d’assassiner Louise Michel paraît évidente. »

L’Intransigeant encore : « La tentative d’assassinat contre Louise Michel, après celle contre J. Ferry (qui se croyait mort alors qu’il n’avait eu ni ecchymose ni contusion) montre à quel point la violence est entrée dans nos mœurs. »

L’Autorité demande « l’interdiction de la vente des armes à feu. »

Le Petit Journal titre : « L’abus du revolver ». On perd de plus en plus le respect de la liberté, de la personnalité, de la vie humaine ».

Dans les milieux anarchistes, on pense que Lucas est un agent secret de la préfecture de police chargé de débarrasser la société de Louise Michel – ou bien des orléanistes dont la propagande, en Normandie, est des plus actives.

Louise Michel écrit à la femme de Lucas : « Apprenant votre chagrin, je désirerais vous rassurer. Comme il est inadmissible que votre mari ait agi avec discernement, il est impossible qu’il ne vous soit pas rendu … ». Elle répond à Lucas qui lui a écrit de la prison du Havre : « Votre lettre m’a fait grand plaisir ; elle prouve, une fois de plus, que nous avons raison de vous considérer comme halluciné, et par conséquent, comme ne pouvant être jugé … »

Elle ira jusqu’à écrire un poème intitulé « Le Breton » dont voici quelques vers :

« … Ce fils des côtes d’Armorique, des côtes où hurle la mer, s’en allait songeur et mystique … Qu’il reste libre dans son ombre, pour lui nous n’avons pas de loi … ».

Louise Michel charge maître Laguerre (qui avait défendu son cousin à Lyon) de défendre Lucas. Il lui promet de sauver Lucas et tint parole.

Non seulement le public, nombreux à la salle d’audience mais tous les journaux, accueillent comme un acte de véritable équité l’acquittement de Lucas.

Le journal du Havre du 17 janvier 1890 : « Nous apprenons la mort d’un individu qui a eu au Havre, et même à Paris, son heure de célébrité, nous voulons parler de Pierre Lucas qui avait tiré un coup de revolver sur Louise Michel dans la salle de l’Élysée. Pierre Lucas qui était âgé de 35 ans, avait été acquitté par la cour d’assisses. Il était entré, pour la seconde fois, à l’hospice général le 4 janvier dernier. Il est décédé hier matin à 4 heures des suites d’une phtisie. »

Louise Michel n’en n’avait pas fini avec Le Havre. Elle y revient le 30 mai 1897 accueillie par une foule de mille personnes qui l’acclame aux cris de : « Vive Louise Michel, vive la Révolution ». Elle y reviendra une dernière fois, le 28 mai 1904, déjà très atteinte par une grave maladie. Le 22 janvier 1905, à ses obsèques, une délégation d’anarchistes havrais sera présente au cimetière de Levallois.

Sources:

Archives municipales de la Ville du Havre, Journal « Le Petit Havre », les 22 -23 - 24 - 25 Janv. 1888

Épisodes et vies révolutionnaires — Anne Léo Zévaes, « Louise Michel », Paris bureau d’éditions 1936.

« La CGT en Seine-Maritime » — s.d. Albert Perrot — VO Éditions 1993

« Histoire de ma vie » — Louise Michel, P.U.L 2000

« La Velleda de l’Anarchie » — Edith Thomas, Gallimard 1971

« Je vous écris de ma nuit »— correspondance de Louise Michel, réunie par Xavière Gauthier, les édit. De Paris Max Chaleil, 1999

« Louise Michel, la passion » Pierre Durand, Messidor 1987

« La jeunesse de Louise Michel » — Albert Marot (Mercure de France — Janv-Fev 1929

« l’Illustration », février 1888

 

Ecrire au fil rouge