Présidentielle 2017: La grande peur des tenants du système !

Depuis quelques jours, cela semble être la panique !

Mélenchon talonnerait les deux premiers (Le Pen et Macron) et dépasserait le longtemps 3e (Fillon), et menacerait donc d’être au 2e tour.

Du coup Hollande sort de son mutisme pour tirer sur Mélenchon et faire voter Macron.

Parallèlement on fait tirer à boulets rouges sur les « réseaux sociaux » qui seraient la cause de cette situation. Les journalistes des grands médias s’inquiètent : ils ne seraient plus suivis dans leurs éditoriaux ; les spécialistes ne seraient plus écoutés ; les grandes campagnes de soutien aux tigres de papier, que sont Le Pen, Macron et Fillon, tourneraient dans le vide.

Que se passe-t-il donc ? En réalité, les tenants du système sont aujourd’hui victimes des dérives de leur propre système. Ils ont encensé Internet et les réseaux sociaux sans en mesurer le risque, pour eux-même.

En 2017, il est clair que l’on s’informe de plus en plus sur YouTube ou sur les réseaux sociaux et de moins en moins par les journaux ou la télévision…

Un chiffre donné par France IUnter, pour donner une idée de la dynamique qui est à l’œuvre : les réseaux sociaux constituent la 1ère source d’information pour plus de 40% des jeunes électeurs en France. Et ce mouvement est en progression : aux États-Unis, durant la campagne électorale de 2016, ce taux dépassait les 60%.

La fin du journal de 20h00!

Il y a 27 ans, ce fut « la fin du communisme ». Le grand méchant loup anti-capitaliste s’était effondré, et avec lui le moral des ouvriers. Mais ce moral pouvait revenir ; il fallait s’en prémunir ! Que mieux, pour les grands patrons du CAC 40, que de piloter directement l’information, plutôt que de le laisser à la merci du deuxième grand méchant loup : l’État.

La privatisation de TF1 et l’ouverture du marché à d’autres opérateurs capitalistes (Canal+, La 5, etc.), fut décidée, dans un but de profit, certes, mais aussi pour affaiblir les chaines de service public, même confiées à des valets de l’argent. La conséquence de cette première évolution des médias a été le lent affaiblissement des rendez-vous familiaux quotidiens qu’étaient le « journal de 20 heures » des deux premières chaînes.

En effet, après quelques années de tâtonnement, on a vu apparaître des émissions concurrentes à ces grands porte-voix du pouvoir de l’argent : des jeux (le juste prix, le big-Dil, etc.), des magazines people (Grand Journal de Canal+, les Guignols, aujourd’hui Hanouna, etc.), des séries people (Plus belle-la vie, etc.), etc. Et celle-ci ont commencé à détourner du journal de 20h00, une part grandissante de téléspectateurs qui en avaient assez du bourrage de crâne néolibéral.

Mais ce n’était pas grave, car c’étaient des abstentionnistes en puissance, et l’abstention contribuant à la perpétuation du système, et le populaire étant perdu pour le vote; qu’il reste à regarder ses jeux, semble avoir été la réflexion des pilotes du système.*

Après l’information en continu par le canal de la radio, on a vu arriver les chaines d’information en continu, centrées sur le scoop. A l’opposé de la transformation du journal de 20h00 en magazine, l’information véhiculé s’y est rabougrie, faisant de plus en plus en plus de place aux commentaires.

Quel réel impact des réseaux sociaux ?

Avec les réseaux sociaux de nouvelles couches de population se sont détournées des journaux de 20 heures. Et voici qu’en plus de relayer des blogs de chaines de télévision concurrentes ont été accessibles aux Internautes : Al Jazeera [chaine Qatarienne], dans les années 2000, puis RT Français, dans les années 2010. En 2017, RT Français arriverait aujourd’hui, selon certaines études devant Mediapart, Le Point et Libération. Et tout d’un coup, le journal de 20h00 s’est vu encore un peu plus concurrencé dans son formatage de l’information. Voici que des campagnes de propagande pourtant bien montées, comme le soutien aux interventions en Libye, ou à la déstabilisation de la Syrie, ou encore au soutien à l’Ukraine fasciste, se sont retrouvées contestées par des informations différentes, concurrentes, déstabilisantes pour la ligne politique définie dans les cabinets gouvernementaux et Élyséens.

Les prétendus rebelles syriens choyés se révélèrent être les mêmes que ceux d’Al-Qaïda, finalement très proches de ceux qui ont massacré au Bataclan. La situation en Libye, conséquence de l’intervention française, se révéla être le contraire des engagements et promesses du président: A la place l’avènement de la démocratie ce fut la victoire de l’anarchie des bandes maffieuses et des groupuscules terroristes, la guerre civile et l’insécurité généralisée, et surtout accaparement des ressources et de la propriété nationale libyenne par les grands groupes pétroliers. C’est un tsunami de misère, à l’origine de la vague de migration humanitaire.

En réalité, avec les réseaux sociaux, les tenants du système capitaliste et du néolibéralisme sont dans une phase de difficulté pour faire passer leurs messages, même s’il est à craindre, aussi, que des informations véhiculées soient moins fiables, voire aussi manipulées que les leurs, pour la défense d’autres intérêts tout aussi contestables.

Le désormais plus faible impact des journaux de 20 heures et des grandes chaines de télévision

De plus en plus de jeunes et de moins jeunes ne sont plus devant les journaux de 20h00. D’autant qu’ils se sont transformés progressivement en magazines, passant l’information au second plan, et en occultant beaucoup, le commentaire et le décryptage remplaçant l’information brute. De plus ils sont perçus désormais non plus comme des canaux d’information relativement  impartiaux — ce qu’ils n’ont jamais été — mais comme des médias au service de grands intérêts privés, manipulatoires à souhait.

D’où les campagnes de dénigrement des réseaux sociaux qui vont en s’amplifiant, mais qui sont la marque de l’impuissance actuelle à en dépasser leurs forces.

Et dans la campagne électorale des présidentielles 2017, cela semble avoir eu un effet désastreux : aucun des grands thèmes avancés en résonance avec les principaux candidats (Fillon, Macron, Hamon, Le Pen) ne semble avoir eu de prise sur les électeurs. Les primaires instaurées pour positionner en avant ces grands candidats et cloisonner le débat autour d’eux ? Oubliées et dépassées ! L’insécurité ? Oubliée ! Les attentats terroristes et l’État d’urgence ? Passés au second plan ! Le Brexit ? Dé diabolisé ! Le Macron sorti de nulle part [en fait sorti de l’Élysée allié du Medef] ! Quasi dégonflé, malgré les soutiens allant de la quasi extrême-droite [Madelin] à l’ex gauche de la gauche [Robert Hue] ou les écolos-gauchistes [Cohn-Bendit] en passant par le Medef et les Éléphants du PS ! Rien ne marche !

En brisant les journaux de 20 heures des grandes chaines, en les transformant en outils de propagande caricaturaux de plus en plus indigestes, les serviteurs du système ont poussé les citoyens à chercher à s’informer ailleurs, c’est à dire de plus en plus par les réseaux sociaux.

Et du coup, les campagnes concoctées dans les officines ministérielles et patronales, au service d’intérêts particuliers ont moins de prise.

Aujourd’hui cela semble être la panique ! (Ou cela feint de l’être?)

En cette fin de campagne, en plus de s’adresser directement à des centaines de milliers d’Internautes, Mélenchon rassemble des foules immenses, et s’adresse directement aux participants? Pendant ce temps les meetings de Macron et de Hamon sont désertés, que Fillon peine à remplir ses salles, que Le Pen semble un peu à la peine. Les réseaux sociaux ne sont donc pas la seule voie d’information et de mobilisation des citoyens.

Ce qui est sûr, c’est que la fabrication de l’information semble donc, en ce mois d’avril 2017, échapper quelque peu aux « faiseux » habituels.

Aussi, Hollande sort de sa réserve, bombarde Mélenchon, et soutient Macron, son ancien ministre de l’économie à la peine, à la recherche d’un nouveau souffle en ce début de dernière semaine de campagne du 1er tour. Ses ministres soutiennent ouvertement celui-ci les uns après les autres. Mais ces ministres sont honnis ! De son coté Fillon semble à la peine. Le Pen semble peiner après avoir loupé le grand débat à 11 de l’autre jour.

Mais qu’Hollande sorte de sa réserve, cela ne risque-t-il pas d’accroitre encore l’engouement pour Mélenchon?

Hollande étant tellement discrédité, ce soutien à Macron ne conduira-t-il pas les électeurs de Hamon à s’interroger plus sur l’intérêt qu’il y a pour eux de préférer Mélenchon ? De l’autre coté, la sortie du bois du président ne conduira-t-il pas les électeurs droitiers de Macron à comprendre qu’ils votent en fait pour la continuité de l’Hollandisme, et à le faire baisser ?

Fin du suspens dimanche.