Ecrire au fil rouge

Numéro 8:  Éditorial

Meilleurs vœux

pour la première année du siècle et pour le siècle tout entier !

Le lecteur trouvera dans ce 8e numéro du « fil rouge » la suite de deux études publiées dans le numéro précédent. L’une s’attache à analyser l’élaboration progressive des revendications au sein d’une entreprise, ici chez Caillard le Havre. L’autre brosse un tableau de la construction navale à Dieppe. Il trouvera aussi des articles consacrés à la mémoire de militants ouvriers qui, à des époques éloignées, n’ont pas hésité à donner leur vie pour faire triompher leurs convictions.

Ce « fil rouge » fait une place importante aux combattants de la Commune de Paris qui, voilà 130 ans, s’insurgeaient contre la trahison des classes possédantes et prenaient en main la direction des affaires publiques, en se lançant « à l’assaut du ciel ». La répression féroce de Thiers et de ses Versaillais, en viendront à bout, mais, à l’image de la Révolution Française, la Commune inspirera le mouvement ouvrier. Son écho dans le département.

Son programme comme ses réalisations éclaireront les luttes de la fin du 19e siècle et du début du 20e, et déboucherons sur des avancées sociales durables : droit à une journée de repos par semaine, interdiction du travail de nuit des femmes — aujourd’hui remise en cause –, réduction de la durée du travail, pleine reconnaissance des droits syndicaux, droit d’association, enseignement public et laïc, la séparation de l’Église et de l’État, etc., autant de projets qui restent pleinement d’actualité.

Ce numéro du fil rouge coïncide avec la fin du 20 siècle, siècle jalonné de l’horreur de deux guerres mondiales, de multiples guerres coloniales. Le monument érigé dans la cour des anciens locaux de la CGT, en mémoire de ses 175 martyrs, le rappelait au passant. Cependant le bilan du siècle peut-il être réduit à l’addition des bilans des guerres ? Se laisser aller à le dire serait laisser croire que nos martyrs seraient morts pour rien !

Car le 20e siècle a, aussi, été marqué par les immenses victoires de la classe ouvrière, notamment dans notre pays. Elles permirent d’imposer réellement au patronat, le droit, pour les salariés, de s’organiser en syndicat, après l’avoir obtenu dans la loi, puis d’accéder aux bénéfices des progrès scientifiques et techniques, à une protection sociale et de meilleurs conditions d’existence.

A l’aube du 21e siècle, ce combat doit continuer pour garder et amplifier les acquis sociaux, les libertés, la démocratie et la paix, avec dimension nouvelle: l’enjeu de la mondialisation de la production et des échanges, comme celle du capital.

Nos prédécesseurs caressaient l’espoir d’un monde de Paix et de Liberté. Les travailleuses et les travailleurs du 21e siècle sont à même de le réaliser. Déjà des relations, de solidarité et d’actions communes entre organisations syndicales européennes, se renouent, à l’image de la manifestation du 6 décembre 2000 à Nice. Quels Meilleurs Vœux pour la première année du siècle, et pour le siècle tout entier peut-on souhaiter, que ceux-là?

Serge Laloyer

 

site de l'IHS CGT 76e